ENTRETIEN
Vous êtes actuellement en résidence à la Cité internationale des arts grâce au programme pensé avec l’ENSBA Lyon et en tant que lauréat du Prix de Paris. Que représente ceci dans votre parcours et que vous apporte cette résidence ?
“C’est une reconnaissance non seulement de mon passage à l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Lyon (ENSBA Lyon) mais aussi de toute une série d’études supérieures et d’expériences professionnelles qui ont duré environ douze ans. Ce prix est une reconnaissance de mes efforts et de ceux de ma famille ; il représente pour moi le début d’une vie professionnelle qui m’a heureusement permis de continuer à me déplacer pour rencontrer des personnes et des espaces qui se sont intéressés à ma pratique artistique et à moi en tant que personne. La résidence à la Cité internationale des arts m’offre un espace privilégié au cœur de Paris pour poursuivre mes projets, rencontrer des professionnels à l’intérieur et à l’extérieur de ses locaux, ainsi qu’un espace intime où je peux montrer mes recherches aux personnes qui s’y intéressent. Cette résidence me donne une visibilité dans l’art contemporain d’aujourd’hui. Cette résidence me montre, une fois de plus, qu’il est important de générer des liens affectifs et humains avec des personnes qui viennent de l’étranger comme moi. Découvrir des artistes, des penseurs, des musiciens, des gens de l’art d’autres parties du monde est quelque chose qui me stimule complètement et surtout de pouvoir connaître les personnes elles-mêmes. Il est clair pour moi que cette année de résidence sera très importante dans ma vie et ce qui me rend le plus heureux, c’est qu’ici je trouve un autre espace où je me sens tout à fait le bienvenu pour continuer à me construire et à me renouveler sur le plan personnel et professionnel”
Quelles opportunités artistiques et professionnelles ont surgi depuis votre venue en résidence ? Est-ce l’exposition Les Sillons #1 à laquelle vous participez à la Ferme du Buisson un de ces projets ?
“La Cité internationale des arts offre une visibilité au sein d’un circuit professionnel à Paris et à l’étranger. Grâce à la Cité, avec seulement deux mois de vie ici, j’ai pu établir des liens avec des curateurs brésiliens.e.s, espagnols.e.s, japonais.e.s et français.e.s, et retrouver des personnes originaires d’Amérique latine, en l’occurrence des artistes, avec lesquels je peux m’exprimer dans ma propre langue.
L’exposition Les Sillons #1 à laquelle je participe est née avant mon arrivée à la Cité. Thomas Conchou, le nouveau directeur du Centre d’Art Contemporain de la Ferme du Buisson m’a contacté en octobre dernier après avoir vu des photos de mon diplôme sur le site de l’école. Thomas Conchou et son équipe apprécient et s’intéressent à mon travail. L’invitation de Thomas Conchou ainsi que celle d’Inès Geoffroy pour l’exposition 100% L’EXPO à La Villette sont une série de grandes opportunités pour continuer à montrer mes projets et aller de l’avant.”
Pouvez-vous nous dire un peu sur vos projets en cours et futurs ?
“Pour l’instant, je continue à explorer formellement le projet qui m’a valu la résidence à la Cité internationale des arts : naab, qui parle d’une école de peintres mayas durant la période Classique tardive (600-900 après J.-C.), qui utilisaient des fleurs blanches pour signer leurs créations.
Mes projets futurs concernent ma recherche générale éclairant les conséquences sur les modes de vie de l’arrivée de la Modernité Européenne en Amérique, principalement au Mexique, en lien avec des techniques ancestrales. J’ai exploré ces deux projets lors de mon master à l’ENSBA Lyon et j’aimerais continuer à exploiter cette forme. Le premier porte sur l’héritage familial des techniques de construction en terre et des techniques de peinture toxique en Méso-Amérique. Le second est une recherche sur les mosaïques de plumes d’oiseaux datant de l’époque préhispanique et la sculpture sur pierre. Le fait de vivre dans la Cité et d’avoir accès à différents musées et centres de recherche me permet d’enrichir mes investigations et d’envisager les projets dans un contexte contemporain établissant un dialogue avec l’histoire. L’un de mes principaux objectifs est d’établir des liens avec l’Histoire et en particulier avec l’Histoire de l’art occidental pour montrer qu’il existe différentes modernités et identités.”
BIOGRAPHIE
Né en 1991 au Mexique, Omar Castillo Alfaro fait des études d’Ingénierie Métallurgique Chimique à l’Université Autonome Nationale du Mexique (2014) avant d’intègrer la Licence en Arts Visuels de la même université en 2018. Par la suite, il a été en résidence à la Faculté des Arts à Medellín de Colombie.
Omar est diplômé de l’ENSBA–Lyon (DNSEP-Art) avec les félicitations du jury (2022) et a gagné le Prix de Paris 2022 à l’ENSBA Lyon.
“Ce processus de migration géographique, artistique et politique habite son œuvre et participe de l’identité « sauvage » qu’il réclame. Dépositaire d’un savoir-faire traditionnel, il revisite les techniques artisanales ancestrales pour questionner la persistance des traumas liés au continuum colonial. Il emprunte autant aux écoles de peintres Mayas qu’aux télénovelas ou à la poésie populaire pour nourrir une pratique de sculpture et d’installation à travers laquelle le passé et l’histoire tiennent le présent en question” – Thomas Conchou, directeur du centre d’art contemporain La Ferme du Buisson.
Omar Castillo Alfaro est actuellement en résidence par le bias du programme “ENSBA Lyon x Cité internationale des arts”.